Kaia Parker - TW

Je suis issue de l’amour d’un avocat et d’une fleuriste. Un premier amour qui tient bon, qui fait tout pour garder la flamme allumée du moins du côté de ma mère… Elle a toujours profondément aimé mon père, même quand celui-ci rentrait tard le soir, qu’il était saoul après ses soirées avec des clients, ou qu’il se montrait distant. Je suis leur fille unique. Ma mère, dès mon plus jeune âge, m’a donné goût à la lecture. Elle trouvait toujours de belles histoires avec de magnifiques illustrations.

J’ai eu une enfance normale, une enfance plutôt heureuse je dois dire malgré mon père qui n’était pas toujours fort agréable. Il faut dire qu’il travaillait beaucoup et que le soir il était fatigué… Il ne s’occupait pas de mes devoirs, il ne participait pas aux événements dans mon école. Mais ma mère oui. Il avait cependant des démonstrations d’amour. Parfois sans prévenir, il rentrait plus tôt pour nous faire la surprise, et nous emmenait en balade ou visiter des endroits géniaux. Il me ramenait souvent des petits cadeaux. Mon père m’aime mais il ne savait pas comment l’exprimer je pense. C’est un homme fier, un homme qui veut éviter de montrer ses sentiments car il ne faut pas montrer ses faiblesses.

J’ai toujours été une enfant sage, qui ne faisait pas de bêtise. J’étais plutôt bonne à l’école. Je faisais tout pour les rendre fiers. Et puis je voulais travailler avec ma mère quand je serais en âge. Elle m’a transmis sa passion pour les fleurs. C’est souvent que je la rejoignais dans sa boutique après les cours pour profiter des jolies couleurs et surtout des odeurs incroyables.

Les choses ont commencé à changer à l’adolescence… À Quinze ans j’ai rencontré un garçon. Un vrai bad boy qui m’a tout de suite plu. Il avait quelque chose que les autres jeunes de mon âge n’avait pas. Il avait dix huit ans. Je l’ai rencontré à une soirée. Je l’ai revu plusieurs fois et nous avons fini par coucher ensemble. Je n’étais pas amoureuse au départ, mais je l’aimais bien. Il était gentil. Je n’ai rien dit à mes parents. Mais ils ont bien vu que je changeais. Je sortais plus souvent, je séchais parfois les cours et je me suis mise à fumer. Je faisais comme mon bad boy… Et j'en suis tombée amoureuse... Il allait voir ailleurs, je le sais, mais comme j’étais amoureuse, je ne disais rien... Enfin… La jalousie était là, ça faisait un peu mal mine de rien, mais je ne pouvais rien dire, de peur de le perdre.

Un peu plus de deux ans après notre rencontre, j’ai eu une surprise…. Une surprise que j’ai aimé tout de suite… Je ne me sentais pas bien depuis quelques jours, j’avais le ventre gonflé et des nausées. J’ai été faire un test de grossesse… Enceinte… J’ai un petit être qui grandit en moi. Un bébé créé par amour, avec de l’affection. Mais ce n'était pas un bébé voulu, c'était un pur accident… J’ai été faire une prise de sang le lendemain et dans la foulée une échographie de datation. J’ai appris que j’étais enceinte de presque deux mois. Petit bébé prévu pour avril…. Je suis allée annoncer la nouvelle au papa, pensant qu’il serait un minimum heureux mais… Il m’a poussé, m’a insulté de tous les noms. Il m'a frappé...

Pour lui, j’ai fait exprès de tomber enceinte, pour l’inciter à se ranger, à arrêter ses bêtises. Mais il n’en est rien. Je ne m’attendais pas à tomber enceinte aussi jeune. Je n’ai jamais voulu cela. J’aime passer du temps avec lui, sécher les cours pour rejoindre ses potes et fumer une clope posée sur le capot de la voiture mais je n’ai jamais aimé qu’il fume sa merde, qu’il vole et qu’il parle de ses conneries comme si ce n’était pas grave. En deux ans, je suis tombée amoureuse, j’étais bien avec lui, c’était un bon ami en quelque sorte. Je l'ai laissé faire tout ce qu'il voulait. Mais jamais je n’aurais eu l’idée de faire un bébé. Mais maintenant que je sais que je suis enceinte… Je ne veux pas avorter. Après que je lui ai dit, il m’a demandé de le faire. Mais non… J’en suis incapable. Il m’a alors annoncé que tout était fini et qu’il ne voulait plus jamais entendre parler de moi. Et surtout il m’a dit que cet enfant ne pouvait pas être de lui et qu’il le nierait si jamais j’en parlais à des connaissances à lui. Pourtant, je n’ai couché qu’avec lui; il a été le seul et unique homme…

Je suis rentrée chez moi en pleurs. Ma mère m’a rejoint et m’a demandé des explications. Entre deux sanglots je lui ai avoué la vérité. Je ne m’attendais pas à sa réaction… Elle m’a giflée et m’a entraînée à sa suite pour qu’on aille dans le bureau de mon père. Je crois que j’ai passé la pire heure de toute ma vie… J’ai eu le droit à tous les surnoms possibles voulant dire que je suis une fille de joie… Je suis la honte de la famille, je salis leur nom…  Je suis une déception… Être mère à mon âge n’est pas normal, surtout que je n’ai pas fini mes études pour devenir fleuriste. (Ma mère m’a inscrite à des stages pour apprendre les différentes fleurs et plantes…) Quand ils m’ont demandé qui était le père, je n’ai pas pu le leur dire. Ils ont donc pensé que j’avais couché avec plusieurs garçons et surtout avec des moins que rien… Ils ont eu une image tellement négative de moi, tellement tronquée… Je ne suis rien de ce qu’ils disent… Mais ils ont bien vu que j’avais changé ces derniers temps, que je sortais plus, que je profitais de la vie… Mon père a alors pris une grande décision… Me mettre à la porte. Ma mère a dit qu’il allait trop loin, mais il est l’homme de la maison, celui qui gère sa famille comme il veut. Elle n’a rien pu faire. J’ai dû prendre quelques affaires dans un sac, dont deux livres. Ma mère m’a donné quelques billets, me suppliant d’aller me faire avorter. J’ai pris les billets mais j’ai refusé et… Je me suis retrouvée dehors… Sans savoir où aller…

J’ai dormi la première nuit dans un logement pour personne sans abris et… Je ne veux plus jamais y retourner… Les hommes sont dégoûtants… Ils m’ont dragué, ils étaient sales et avaient un humour grivois qui ne me plaisait pas du tout. En plus, on m’a volé un de mes livres… Mais j’y suis retournée malgré tout une seconde nuit… Un homme a voulu se glisser dans mon lit, me touchant au passage. Je suis partie et j’ai décidé de ne plus jamais mettre les pieds dedans. Hors de question… Il faut dire que je change des femmes qu’ils peuvent voir dans ces endroits… Je ne leur en veux même pas…

Pendant deux mois j’ai réussi à vivre de petits boulots. Je faisais des courses pour des personnes âgées, j’aidais les caissiers à mettre les courses dans des sacs. J’arrivais à aller dans les toilettes des bars pour faire mes affaires et pour me laver au lavabo… Le plus dur a été pour les vêtements. Une des personnes à qui je faisais les courses a bien voulu me les laver deux ou trois fois mais pas plus… Je dormais sur des cartons dans un endroit assez calme, non loin de chez la dame. Et puis… Mon ventre a commencé à se voir. J’ai eu de plus en plus de mal à trouver des petits emplois… On n’embauche pas, même au black, une jeune femme enceinte… Trop risqué d’après eux…

Ayant gardé l’argent que ma mère m’a donné, je suis allée une fois dans un centre médical qui aide les gens dans le besoin. Je n’avais pas beaucoup de ventre et j’étais inquiète pour mon bébé… On m’a fait une prise de sang et une échographie… J’ai quelques carences… Et bébé n’est pas assez gros mais il va bien… Une aide soignante a fait laver mes vêtements et m’a nourri, j’ai tout dévoré. J’ai pu passer une nuit là bas. Je suis repartie le lendemain avec un sac de couchage et une petite tente… Ils ne pouvaient rien faire de plus pour moi…

J’ai donc passé les jours suivants dehors… Je me suis installée dans un coin assez calme, mais parfois des drogués ou des alcooliques sont venus… Je me suis battue une fois parce qu’on voulait me voler mes affaires… J’ai eu si peur… Et une fois… J’ai bien cru que… Qu’on allait profiter de moi… Je ne sais toujours pas comment j’ai réussi à repousser le type… Je me suis mise à voler dans les magasins, quelques vêtements et surtout de la nourriture… Ce n’était pas toujours évident… J’ai vécu deux mois horribles… Sans parler des symptômes de ma grossesse… Mon petit bébé est calme, je ne le sens pas bouger ni rien mais il m’a donné beaucoup de nausées… Je crois que c'est normal de ne pas encore le sentir bouger...

Un jour, un jeune homme est venu me voir et m’a proposé de me payer à manger. J’étais méfiante… J’ai peur des gens maintenant… Mais mon ventre réclamait de la nourriture… Mon bébé voulait manger… J’ai finalement accepter et j’ai mangé comme jamais… Beaucoup trop, tentant de faire des réserves. J’ai même mis quelques frites dans mes poches… Il a voulu me raccompagner chez moi… Je n’ai pas réussi à lui dire où je vivais. comment expliquer à ce parfait inconnu que je suis à la rue… J’ai tenté de mentir et puis, finalement, je lui ai dit la vérité… Je lui ai expliqué pour ma tente… Il m’a alors proposé de dormir chez lui. Je me suis dit qu’il était comme tout ces hommes, mais pourtant… Dans son regard… Je ne voyais que de la gentillesse… Alors j’ai accepté… Je suis partie tôt le matin comme une voleuse. Je ne voulais pas le déranger et j’avais malgré tout un peu peur. Et puis surtout, j’avais laissé ma tente à son emplacement…

Je suis retournée le voir chez lui… Avec mes affaires, pour lui demander si je pouvais dormir une nuit de plus. Je n’arrive plus à dormir au sol, malgré le sac de couchage. Cela me fait mal au dos et mon ventre tire beaucoup. Maintenant que ma grossesse se voit je ne peux plus du tout envisager les centres pour les SDF… On pourrait me retirer mon bébé et il en est hors de question. Il est ma famille. Il est tout ce qui compte pour moi. Neven a accepté et finalement je n’ai plus jamais quitté son logement…

Grâce à Neven j’ai repris du poids et je ne vis plus dehors. En échange je l’aide à la maison, je fais tout ce que je peux pour être discrète et lui facilité la vie. Et puis… Je dois dire, je me suis attachée à lui. Il est tellement gentil et prévenant. J’aime beaucoup parler avec lui, on s’entend à merveille. J’ai même tenté de trouver des boulots pour l’aider financièrement. J’ai réussi en faisant des trucs que les autres ne veulent pas faire, mais c’est parfois compliqué avec mon ventre. Pourtant, je tiens bon. Je veux qu’un jour mon enfant soit fier de moi et surtout, je veux vraiment aider Neven, le remercier à ma façon.